Comprendre ce qu’est une agression sexuelle facilitée par la drogue (ASFD)
Dans le cas d’une victime sur cinq déclarant avoir été agressée sexuellement, il s’agit d’une agression sexuelle facilitée par la drogue (ASFD).1
Une agression sexuelle facilitée par la drogue (ASFD) se produit lorsque l’alcool ou d’autres drogues sont utilisés pour calmer ou invalider intentionnellement une personne afin de commettre une agression sexuelle non consensuelle. Ces substances font en sorte qu’il est plus facile pour un agresseur de commettre une agression sexuelle parce qu’elles empêchent la personne de résister et de se souvenir de l’agression. 2
Les substances les plus couramment en cause :
L’alcool est la substance la plus couramment utilisée lors de ces actes criminels. Les autres substances fréquemment utilisées incluent le Rohypnol, le GHB (le gamma- hydroxybutyrate), le GBL (Gamma-butyrolactone), et la kétamine. Les effets de ces substances peuvent être des étourdissements, une somnolence, une perte de conscience et l’incapacité de parler ou d’appeler à l’aide, laissant la personne vulnérable et impuissante.
Apprenez-en PlusToutefois, tout le monde n’est pas affecté de la même façon. Les effets de ces drogues peuvent varier selon le type et la quantité ingérée, à savoir si la substance est mélangée avec de l’alcool ou d’autres drogues, ainsi que des facteurs individuels tels que le poids, le sexe, et le métabolisme de la victime.
Il y a deux catégories principales d’agressions sexuelles facilitées par la drogue (ASFD): 3
L’ASFD proactive : L’agresseur met une drogue dans la boisson d’une victime ou lui donne de l’alcool jusqu’à ce qu’elle soit en état d’ébriété et incapable de réagir.
L’ASFD opportuniste : L’auteur cible une victime déjà en état d’ébriété ou dont les facultés sont affaiblies. Les forces policières déclarent qu’ils sont plus souvent confrontés à des agressions sexuelles facilitées par la drogue de type opportuniste.
Qui sont les personnes les plus vulnérables à ce genre d’agressions ?
La majeure partie des victimes d’agressions dont les substances sont en cause sont des femmes principalement âgées entre 16 et 24 ans. Plusieurs des victimes ont un emploi et environ un tiers sont des étudiant-e-s. Dans la moitié des cas signalés d’ASFD, la victime a été agressée par un ami ou une connaissance, souvent au cours d’une soirée ou une d’une sortie dans un bar, au restaurant, lors d’une fête ou un autre événement social. 4
Une agression sexuelle facilitée par la drogue peut arriver à n’importe qui, que l’agresseur soit une connaissance, un étranger, l’ami d’un ami, ou même quelqu’un très proche de la victime. Comme, on fait souvent référence à la drogue du viol, le terme peut contribuer au mythe de la parfaite victime et minimiser la présence de la violence sexuelle dans notre société. La violence sexuelle a un caractère insidieux et elle peut se manifester dans toute sorte de contexte.
Il est crucial de souligner que ce n’est PAS la faute de la victime ; l’agresseur est celui qui a profité de la capacité diminuée de la victime. 5
Reconnaître les symptômes
Les symptômes ressentis par une personne ayant été drogué ressemblent à ceux ressentis par quelqu’un ayant bu à excès ou ayant mélangé volontairement les substances consommées ce qui peut prêter à confusion quant aux causes.
Les signes à surveiller : 6
- Une sensation d’ivresse qui se manifeste soudainement après avoir consommé très peu ou pas d’alcool
- Difficulté soudaine à respirer
- Vertiges soudains, désorientation, et vision floue
- Nausées soudaines
- Changements soudains de la température corporelle, comme la transpiration ou un claquement des dents
- Se réveiller sans pouvoir se souvenir totalement ou en grande partie de ce qui s’est passé.
Quoi faire si vous soupçonnez qu’une personne a été droguée?
Si vous remarquez quelconque de ces symptômes soit pour vous-même ou quelqu’un d’autre, cherchez une personne de confiance parmi les gens présents, et demandez de l’aide immédiatement.
Les amis et les gens présents sont particulièrement importants dans des situations où une personne est dans un état de vulnérabilité en raison de son niveau d’intoxication, ou si une personne a été intentionnellement rendue inapte dans le but de faciliter une agression sexuelle ou tout autre acte criminel. Les gens dont les facultés sont affectées ou qui sont momentanément inaptes sont dans l’impossibilité de se protéger eux-mêmes et de se défendre. 7
L’information est un facteur clé pour prévenir et se protéger
Il est important de sensibiliser les jeunes au sujet des risques de ce genre d’agression et des signes à surveiller. Des conversations sur le sujet et sur la sécurité devraient être monnaie courante au sein des familles, plus particulièrement quand les jeunes planifient des sorties entre amis ou que des soirées s’organisent.
Encouragez vos jeunes à :
- Être vigilant face à toute situation inconfortable qui pourrait indiquer que quelqu’un essaie de faciliter une agression sexuelle en utilisant de l’alcool ou d’autres drogues.
- De se méfier de quiconque exerce de la pression sur eux ou sur d’autres dans le but qu’ils consomment plus d’alcool ou de drogues qu’ils ne le souhaitent.
- Veiller aussi sur leurs amis et intervenir si quelqu’un semble isoler une personne dont les facultés sont affaiblies soit par l’alcool ou une autre substance.
D’autres éléments à rappeler à vos ados et à vos jeunes adultes.
- Ne pas accepter de boissons de toute personne qu’ils ne connaissent pas.
- De boire seulement à même des bouteilles non débouchées ou des canettes dont le sceau est intact ou de ne pas boire de boissons qu’ils n’ont pas eux-mêmes ouverts ou versées.
- De ne pas partager ou échanger de boissons avec qui que ce soit.
- De ne pas boire un verre d’un bol de punch ou à même un verre ou une bouteille que les gens font circuler.
- D’insister pour se verser eux-mêmes leurs boissons ou surveiller pendant qu’une consommation est mélangée ou préparée.
- De ne pas laisser son verre hors de portée de vue tout en parlant, en dansant, en allant à la salle de bain, ou pour faire un appel téléphonique.
- De ne rien boire qui ait un goût ou une apparence inhabituelle (p. ex., goût salé, mousse excessive, résidus, couleur ou texture étrange).
- Toujours être accompagné pour quitter une soirée ou un bar avec des amis.
Assurez-vous que votre jeune comprenne qu’il doit demander de l’aide immédiatement si :
- Si un ami semble avoir consommé plus d’alcool qu’il ne l’a fait en réalité ou s’il a des agissements qui ne lui ressemblent pas, il doit amener immédiatement son ami dans un endroit en sécurité.
- S’il soupçonne que lui-même ou un ami a été drogué, il doit appeler le 911 et obtenir de l’aide immédiatement.
- Il est important d’être précis avec les médecins afin qu’ils fassent les bons tests dès que possible, car beaucoup de ces substances disparaissent rapidement dans le système (généralement dans les 12 à 72 heures)
Comprendre le consentement et en parler
En ayant des conversations ouvertes et honnêtes avec vos jeunes sur le consentement et l’importance de respecter les limites des autres, nous pouvons travailler à réduire l’incidence de la violence sexuelle.
Il est essentiel de sensibiliser et d’informer nos jeunes sur le consentement sexuel, car bien que 96 % des Canadiens croient que l’activité sexuelle doit être consensuelle, seulement une personne sur 3 comprend exactement ce que cela signifie. Le consentement est une permission pour que quelque chose se produise ou un accord pour faire quelque chose. Pour que le consentement ait lieu, les personnes concernées doivent être en mesure de parler de ce qu’elles veulent avec respect pour elles-mêmes et pour les autres. 8
Le consentement est donné librement. Accepter de faire quelque chose n’est consentir que si la personne le veut.
- Si une personne se sent obligée, ou s’il y a quelque chose à perdre en disant « non », ce n’est pas consentir.
- Si un partenaire fait pression, peste ou culpabilise quelqu’un pour qu’il ait des relations sexuelles, il n’a pas de consentement.
- Si une personne a des craintes pour sa sécurité ou craint la perte d’une relation si elle n’est pas d’accord, ce n’est pas un consentement.
- « Non » signifie toujours « non », qu’il soit donné verbalement ou non verbalement. L’absence d’un « oui » positif et librement exprimé est également un « non ».
- Le silence, le fait de ne pas répondre ou de ne pas résister physiquement n’est pas un consentement.
- Pour que le consentement se produise, une personne doit avoir la possibilité de communiquer son «non».
- Les personnes qui sont ivres, en état d’ébriété, qui dorment ou qui sont inconscientes ne peuvent pas consentir au sens juridique ou pratique. Pour parler clairement du consentement, les deux personnes doivent être sobres et alertes.
En tant que société, nous faisons souvent reposer le fardeau de la sécurité sur la victime, alors que la prévention des agressions sexuelles facilitées par la drogue et de toute forme d’agression sexuelle se veut une responsabilité sociale. Il est crucial de sensibiliser la population au sujet des agressions sexuelles et comment agir pour aider les personnes à risque afin de prévenir la violence sexuelle en général.
Il est essentiel de comprendre et d’agir concrètement face à cette réalité des agressions sexuelles facilitées par la drogue pour créer des environnements plus sécuritaires pour l’ensemble de la population. Continuons la conversation et soutenons-nous les uns les autres pour que notre société devienne de plus en plus consciente et respectueuse.
Pour plus d’information sur les agressions sexuelles facilitées par les drogues :
- Coup d’œil sur les substances – GHB et Rohypnol (fiche d’info)
- Office des Nations Unies contre la drogue et le crime – Lignes directrices sur l’analyse criminalistique des drogues facilitant l’agression sexuelle et d’autres actes criminels.
- Conseil de l’Europe – Séminaire sur les agressions sexuelles facilitées par les drogues (ASFD) : un défi face à la violence sexiste
- Info-aide violences sexuelles –démystifier la drogue du viol
- Info-aide violences sexuelles – définition du consentement
- Table de concertation sur les agressions à caractère sexuel de Montréal-Agressions sexuelles par intoxication
Bibliographie
1. Les agressions sexuelles facilitées par la drogue en Ontario : Résultats toxicologiques et d’ADN et Du Mont, J., Macdonald S., Rotbard, N., Bainbridge, D., Asllani, E., Smith, N. & Cohen, M.M. (2010). Journal of Forensic and Legal Medicine,17(6), 333-8. http://www.octevaw-cocvff.ca/sites/all/files/pdf/reports/Drug-FacilitatedSA.pdf.(anglais)
2. https://www.dea.gov/sites/default/files/2018-07/DFSA_0.PDF (anglais)
3. Les agressions sexuelles facilitées par la drogue : Campbell, M. (May 2014). Drug Facilitated Sexual Assault. Learning Network Brief (20). London, Ontario: Learning Network, Centre for Research and Education on Violence Against Women and Children. http://www.vawlearningnetwork.ca/
4. Agression sexuelle facilitée par la drogue/Drug Facilitated Sexual Assault -Campbell, M. (May 2014). Learning Network Brief (20). London, Ontario: Learning Network, Centre for Research and Education on Violence Against Women and Children. https://gbvlearningnetwork.ca/our-work/briefs/briefpdfs/LB-20.pdf (anglais)
5. Info-aide violences sexuelles – démystifier la drogue du viol
6. https://www.dea.gov/sites/default/files/2018-07/DFSA_0.PDF (anglais)
7. https://www.colorado.edu/health/blog/drug-facilitated-sexual-assault (anglais)
8. https://www.colorado.edu/health/blog/drug-facilitated-sexual-assault (anglais)
9. Enseigner la santé sexuelle/comprendre le consentement (anglais)